Archives de catégorie : Poésie

« Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement »

Avant donc que d'écrire, apprenez à penser. Selon que notre idée est plus ou moins obscure, L'expression la suit, ou moins nette, ou plus pure. Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement, Et les mots pour le dire arrivent aisément. Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage, Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage, Polissez-le sans cesse, et le repolissez, Ajoutez quelquefois, et souvent effacez. Un sot trouve toujours un plus sot qui l'admire. Il n'est point de serpent ni de monstre odieux, Qui par l'art imité ne puisse plaire aux yeux, D'un pinceau délicat l'artifice agréable Du plus affreux objet fait un objet aimable. Qu'en un lieu, qu'en un jour, un seul fait accompli Tienne jusqu'à la fin le théâtre rempli. Soyez plutôt maçon, si c'est votre talent. Ce qu'on ne doit point voir, qu'un récit nous l'expose : Les yeux en le voyant saisiront mieux la chose ; Mais il est des objets que l'art judicieux Doit offrir à l'oreille et reculer des yeux.   Nicolas Boileau /Horace
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Car le mot, c’est le Verbe, et le Verbe, c’est Dieu

Extrait d'un poème de Victor Hugo, les Contemplations. Livre I (Parution 1855, Aurore : C'est le livre de la jeunesse évoquant les souvenirs de collège du poète, ses premiers émois amoureux et ses premières luttes littéraires)   Victor Hugo Contemplations Livre 1 ...

"J'existais avant l'âme, Adam n'est pas mon père. J'étais même avant toi; tu n'aurais pu, lumière, Sortir sans moi du gouffre où tout rampe enchaîné; Mon nom est Fiat Lux, et je suis ton aîné!" Oui, tout-puissant! tel est le mot. Fou qui s'en joue! Quand l'erreur fait un noeud dans l'homme, il le dénoue. Il est foudre dans l'ombre et ver dans le fruit mûr. Il sort d'une trompette, il tremble sur un mur, Et Balthazar chancelle, et Jéricho s'écroule. Il s'incorpore au peuple, étant lui-même foule. Il est vie, esprit, germe, ouragan, vertu, feu; Car le mot, c'est le Verbe, et le Verbe, c'est Dieu."

Voir le poeme entier Prologue de l'évangile selon Jean par Louis Segond "Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu."  
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Crier Haro sur le Baudet

Définition de l'expression Haro sur le baudet : Source Expressio : Les expressions françaises décortiquées Manifester publiquement son indignation ou sa réprobation envers quelqu'un. Désigner quelqu'un (parfois injustement) à la vindicte populaire.  Accuser un innocent, désigner un bouc émissaire.

Le terme 'haro', qui ne s'emploie plus maintenant que dans cette locution, a eu plusieurs usages autrefois. Au 14ème siècle, il servait à exciter les chiens au cours d'une chasse, lorsque le gibier était surpris et que les canidés devaient le poursuivre. Au 13eme siècle, il était employé pour marquer la fin d'une foire ou bien la fin de la vente d'une denrée. Au 12eme siècle, c'était un cri poussé par une personne qui se faisait agresser, ce qui donnait le droit et le devoir aux témoins et voisins de secourir l'infortuné et de capturer le coupable.

C'est  grâce à Jean de la Fontaine, dans la fable "Les animaux malades de la peste" que le baudet en est devenu le complément le plus connu, ce pauvre animal inoffensif y étant désigné injustement à la vindicte des autres animaux comme le responsable de l'épidémie qui s'est abattue sur eux ( "Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés").  C'est donc dans cette fable que le baudet est pris pour un bouc (émissaire).

Voir aussi le top des expressions désuettes de Topito.
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Selon que vous serez…

Fable de la fontaine "(...) L'Ane vint à son tour et dit : J'ai souvenance Qu'en un pré de Moines passant, La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et je pense Quelque diable aussi me poussant, Je tondis de ce pré la largeur de ma langue. Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net. A ces mots on cria haro sur le baudet. Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue Qu'il fallait dévouer ce maudit animal, Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout leur mal. Sa peccadille fut jugée un cas pendable. Manger l'herbe d'autrui ! quel crime abominable ! Rien que la mort n'était capable D'expier son forfait : on le lui fit bien voir. Selon que vous serez puissant ou misérable, Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. " La Fontaine : Les animaux malades de la peste locution conjugale : selon que est suivi de l'indicatif et de deux éléments coordonnés avec ou. Selon que Indique une alternative. Après que : après que est selon les règles grammaticales suivi de l'indicatif, même si l'usage courant tend à le remplacer par le subjonctif, au grand dam des puristes. Après que ma mère est passée faire le ménage, je ne retrouve plus mes affaires. Le subjonctif s'emploie comme verbe principal dans une phrase commençant par que, avec valeur d’ordre : "Que chacun se mette au travail ! " ou de souhait : Que le diable l'emporte ! Que les obstacles à notre projet soient balayés ! Le subjonctif non précédé de que existe:
des expressions consacrées : Vive le Roi !
dans le style littéraire : Passent les jours, les années, ce souvenir ne s’effacera jamais.
ou bien dans Sauve qui peut! (que celui qui peut sauver quelqu'un ou quelque chose le sauve... nous, on s'sauve!)
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